Foot Culture et Culture Foot
Facteur d’identification, d’intégration, de métissage, le foot déchaîne les passions, qu’elles soient hostiles ou favorables. Hors Jeu a pour objectif de créer du lien social, d’initier à la pratique culturelle et de promouvoir les talents locaux, en prenant soin de mettre en lumière l’aspect culturel et l’impact que le football a sur les questions sociales et artistiques.
Nous sommes partis à la rencontre du fondateur du festival Hors Jeu …
H: Clément, qui es tu dans le civil ? Qu’est-ce qui t’a mené à la création d’un festival ?
C: Je suis Clément Boudignon, je viens du Lot-et-Garonne. J’ai une formation en communication et en gestion de projets culturels ; j’ai notamment travaillé pour la communication des Nuits Atypiques. J’ai passé une année à Montréal où j’ai observé de près un festival mêlant culture et football. J’ai eu envie de m’approprier cette idée et de l’exporter en France. Depuis ce moment-là, ce projet de festival me trotte en tête. J’ai profité d’un appel à projet de la Mairie de Bordeaux qui souhaitait voir vivre un projet culturel autour de l’Euro 2016. Avec deux amis lot-et-garonnais on a fondé l’association Brev’Art pour porter cette première édition du festival Hors Jeu.
H: Pour une première édition, le pari est osé de lancer un festival de 38 jours …
C: Oui, plus je m’approche de l’échéance, plus je me dis que c’est une folie ! Au départ, le projet était encore plus ambitieux mais, grâce à la Mairie, nous avons pu recentrer la programmation.
H: Venons-en aux faits, parle moi de Hors Jeu.
C: Hors-jeu souhaite montrer l’importance du football en tant qu’objet culturel en multipliant les ponts avec la culture, par des angles inattendus ou décalés, pour déplacer la focale sur d’autres terrains de jeu. On souhaite mettre en avant les artistes et initiatives locales avec le football en fil rouge. Au travers d’expositions, de rencontres, de projection, d’ateliers et de performances, Hors Jeu parlera de football, d’arts mais aussi des hommes et des femmes qui font la beauté de ce sport.
On a construit ce festival autour de sept thématiques :
- La photographie avec l’exposition Foot sentimental et ses clichés pris dans les tribunes du monde entier par le photographe historique du magazine SO FOOT.
- Les jeux vidéos en faisant découvrir ou redécouvrir les plus grands classiques du ballon rond sur consoles : de New World Cup à Fifa 17.
- La gastronomie avec les « matchs viticoles » : déguster les vins des pays participants à la compétition sur Bordeaux qui disposent d’une culture et d’un patrimoine viticole riche, parfois méconnu du grand public.
- La mode avec l’école ESMOD qui va créer la robe Euro 2016 : une pièce unique qui mélangera les codes de la haute couture et du sportswear.
- Les arts visuels avec la création éphémère d’une grande fresque sur la Fanzone, autour de la thématique du football et réalisé par John Kviar, artiste muraliste surréaliste.
- L’architecture avec un débat à propos de « la place du stade dans la ville ».
- Le cinéma avec la diffusion du film documentaire Passion Supporters de Nabil Bellahsene.
Ce festival, c’est aussi l’occasion de promouvoir certains lieux s’intégrant dans le patrimoine local, de la Cité du Vin à la Cour Mably, en passant par le Marché des Douves.
On a voulu proposer un festival entièrement gratuit (hormis les matchs viticoles à la Cité du Vin) et accessible à tous, dans un souci de créer du lien social et d’initier à la pratique culturelle.
Le football est le sport populaire par excellence, l’accès libre et gratuit aux évènements est une volonté forte pour nous.
Plus de détails sur la programmation ici !
H: Nabil, nous avions évoqué ton documentaire Passion Supporters lors de notre rencontre avec Kloudbox. À l’époque, ton film était en pleine construction. Tu vas le présenter pour la première fois à bordeaux dans le cadre de Hors Jeu. Comment s’est construit cette collaboration avec Clément ?
N: C’est par le biais d’Édouard Allegret, qui expose à la Cour Mably pour Hors Jeu, que je suis entré en contact avec Clément. Je n’avais pas du tout connaissance de cet événement mais j’ai trouvé que c’était l’occasion parfaite pour diffuser mon documentaire. En plus, je bénéficie d’un écrin royal (ndlr : La Cour Mably, le Mercredi 29 Juin) pour cette projection. La Cour Mably, ce sera aussi l’endroit de l’exposition foot sentimental qui fait la part belle aux supporters. La fusion des deux événement est parfaite !
C’est aussi intéressant pour les supporters étrangers qui seront de passage pour l’Euro qui pourront à la fois découvrir le patrimoine de la ville et un documentaire à propos de leur passion.
C’est un film brut, spontané. Un film séquencé par chapitres où l’on va découvrir comment on supporte dans chaque pays, comment on vit le football. C’est presque une analyse ethnographique où l’on découvre comment une personne lambda est devenue supporter.
J’ai, entre autres, filmé « Adieu Lescure » en mettant en avant les ultras qui sont des bénévoles qui travaillent d’arrache-pied pour soutenir leur équipe. Je respecte beaucoup leur travail. C’est eux qui offrent de la vie au stade alors qu’on a tendance à les criminaliser.
J’ai aussi filmé un groupe de supporters en Allemagne, des anticapitalistes, antifascistes. Ils ont un investissement politique que l’on ne connait pas en France et ce sont des mecs qui vont tous les weekends au stade. Ils n’aiment pas vraiment que leurs clubs soient en première division car c’est trop « business » pour eux, ils préfèreraient rester dans les basses divisions pour avoir un espace de liberté plus grand.
C’est une production Kloudbox.
H: Kloudbox fera donc partie intégrante du festival, et proposera, dans ce cadre, un Super Loto !
N: Oui, le Super Loto 5000 aura lieu au Musée d’Aquitaine le 9 Juin ! C’est le plus grand Super Loto mais les réservations étaient complètes dès le premier jour… Ce loto tournera autour du thème du foot, mais je n’en dirai pas plus …
H: Beaucoup considèrent le monde de la culture proprement dite comme éloignée du monde du football, de ses joueurs et de ses supporters. Pourquoi cette image péjorative ?
C: Malheureusement, les médias français ont tendance à véhiculer cette image néfaste. Nous, on joue beaucoup sur les mots « foot culture » et « culture foot » parce qu’il y a vraiment une culture du football.
Albert Camus, qui était un des plus grands intellectuels français, a beaucoup écrit à propos du football, c’était un vrai passionné.
Le football a toujours été un champ d’expression pour bon nombre d’artistes. Dans les stades, on y trouve de la musique, de l’architecture, de la photo, de la mode (design des maillots), du street art (avec les tifos, les banderolles …). Le foot est un reflet de la société et c’est un sport qui véhicule des valeurs louables, notamment dans le foot amateur. La mauvaise image du foot, c’est un point de vue très français.
Le magazine So Foot aborde l’actualité du football de façon originale et décalée et propose des sujets culturels dans ses pages. Ce magazine a beaucoup contribué à faire évoluer l’image de ce sport. C’est un Graal pour nous qu’il soit notre partenaire pour Hors Jeu.
H: Justement, hors jeu fait la part belle aux débats pendant ces 38 jours …
C: Oui, trois rencontres-débats sont organisés pendant le mois de Juin :
- « la place du stade dans la ville » animé par Pierre Ferret (architecte spécialisé dans la conception et la construction d’équipements sportifs et culturels) et Nicolas Hourcade (professeur agréé de sciences sociales à Lyon et spécialiste des supporters de football.
- Un débat animé par Jérôme Champagne (ndlr : qui fût n°2 de la FIFA durant une dizaine d’années) qui apportera un éclairage international sur ce qu’est le football en tant que lien social et vecteur d’intégration
- « carton rouge » qui propose un coup de projecteur sur le Football Club des Girondins de Bordeaux, premier club au monde en termes de partenaires viticoles. Cette rencontre sera animée par Patrick Battiston, Alain Giresse, Jean-Pierre Papin et Marius Trésor.
H: On peut dire que hors jeu est un festival qui parle de foot mais qui touchera aussi les non amateurs …
C: Absolument. C’est un festival réservé autant aux passionnés de football qu’aux passionnés d’arts en tout genre. Globalement, je dirais que c’est un festival pour les curieux. En revanche, ce n’est vraiment pas un festival dédie aux supporters. Quoi qu’il en soit, les habitants de la Métropole ne pourront pas passer à côté de l’Euro 2016, même si cet événement les dépasse complètement. Hors Jeu, c’est une alternative pour vivre l’Euro autrement, de proposer autre chose que de la projection de matchs.
H: Tu as fait appel au financement participatif pour ce festival…
C: En plus d’aider au financement de la gratuité du festival, ces dons nous aideront à prendre en charge les frais de tirage pour 18 photographies format A0 pour l’exposition Foot Sentimental à la Cour Mably.
Mais cet appel aux dons servira aussi pour l’achat de matériel, mobiliers et impression des documents de médiation pour Retrogoal, l’exposition rétrospective sur les jeux vidéos.
Pour le moment, nous n’avons pas atteint nos objectifs mais il est toujours possible de nous soutenir : www.kisskissbankbank.com/hors-jeu-festival
H: Ma question totem >> quelle est pour toi la meilleure invention de tous les temps ?
C: Emma Watson
H: Et la fameuse question happe:n >> si je te dis musique tu penses à …
C: Plaisir
Retrouvez HORS JEU! sur Facebook ou sur leur site Internet