Telle une flammèche étincelante dans l’ambiance feutrée de la Halle des Chartrons, il arrive en courant, vêtu de mille et une nippes fleuries et le visage grimé de couleurs criardes. Celui qui nous fait tourner la tête en ce samedi soir n’est nul autre que Volmir Cordeiro, géant bariolé qui n’hésite pas à venir titiller chacun des membres du public. Si quelqu’un se sentait épargné, il ne le sera plus la seconde suivante.
Est-ce un fou furieux dangereux ou un excentrique inoffensif qui outrepasse notre distance sociale ? Est-ce un clown de l’ancien temps ou une drag queer d’un monde à venir qui traverse, tel un mirage, le public prudent et réservé, installé ce soir là dans la rotonde de la place du Marché des Chartrons ? Ce qui est certain, c’est que ce personnage hypnotise autant qu’il déstabilise.
Pour terminer en beauté, le performeur nous offre un effeuillage plus que burlesque, presque hilarant, en enlevant frénétiquement chacune des couches qui composent son costume. Entravé de ses 8 jupons aux imprimés floraux, de ses 6 shorts liberty et de ses 11 caleçons eux aussi fleuris, il tombe, chevilles liées par cette masse de tissu, au centre de la salle. Alors qu’il avait investi de manière enveloppante cet édifice iconique de Bordeaux sans jamais nous laisser un instant de répit, il nous invite à le suivre des yeux dans ce lent déplacement au sol. Nous polarisons alors notre attention une dernière fois, sur le personnage aigre-doux qu’il a créé.
© Pierre Planchenault
J’ai vu dans ce seul en scène nommé Outrar, un protagoniste semblable à une espèce de papillon de nuit. Celui qui, ébloui par les rayons puissants de nos lumières artificielles, perd sa trajectoire, se cogne, repart et, chancelant, poursuit sa quête. Sont-ce nos regards parasites qui provoquent en Volmir Cordeiro cet élan fantasque ? Les normes d’interaction de notre société ont-elles dénaturé les rapports qui régissent les Hommes ? A qui pouvons-nous nous frotter librement sans transgresser la barrière de l’intime ?
Autant de questions qui habitent encore le Marché des Chartrons, qui s’est mué, en cette dernière soirée du festival Trente Trente, en un cabinet de curiosités où découvrir des espèces artistiques non identifiées. Les créatures qui l’ont habité le temps de l’événement arriveront-elles à poursuivre leur chemin, au-delà de cet écrin inouï qu’a su créer Jean-Luc Terrade ? En tout cas, je leur souhaite !
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Outrar – Volmir Cordeiro – Compagnie Donna Volcan
Performance vue le 28 Janvier 2023 à la Halle des Chartrons pendant le festival Trente Trente Les Rencontres
Site internet Compagnie Donna Volcan
Compte Instagram Volmir Cordeiro
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Le Festival Trente Trente – Les Rencontres
Programmation complète de Trente Trente
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Photo de Une © Pierre Planchenault
Création graphique © Happe:n