Avec Recyclivre, ouvert en 2012 à Bordeaux, Clémence Mathieu ressuscite les livres délaissés par leurs propriétaires pour les revendre à prix bas sur le site Recyclivre.com et reverser une part des ventes à des associations et organismes solidaires.
Nouvelle tendance, due au manque de place : se débarrasser de ses bouquins… À l’unité, pas de problème : laisser sur banc ou déposer dans une boîte à livres pour céder son dernier coup de cœur à un inconnu … Mais dès qu’il s’agit vraiment de déstocker, on pensera désormais à Recyclivre, installé près de Gambetta et en vadrouille quotidienne pour vous délester de vos livres à domicile.
Une collecte à Recyclette
C’est dans un local où s’empilent des cartons remplis de livres que j’ai aujourd’hui rendez-vous avec Clémence et son collègue Antoine, au 17 de la rue de la Boëtie. En fait, tous ces livres sont essentiellement issus de dons de particuliers, d’associations ou même de bibliothèques, et presque tous sont destinés à être revendus.
Pour cette ancienne professionnelle de la communication, le livre se doit d’avoir une vie et même plusieurs. Voilà pourquoi, depuis presque trois ans, Clémence et Antoine sillonnent les routes de la Métropole au volant de leur petite camionnette électrique orange : la Recyclette. « On se déplace gratuitement pour 100 livres minimum. Dans une démarche environnementale, on ne pourrait pas se permettre de se déplacer pour 3 livres. En revanche, les particuliers peuvent apporter leurs livres directement au local ou dans les bacs à livres à disposition chez nos partenaires ! ». Dans cette camionnette, des tonnes d’histoires ; environ 10 000 livres par mois sont collectés à Bordeaux et ses environs… Pour que la Recyclette vienne à vous, rien de plus simple : il suffit de s’inscrire sur le site Internet pour prendre rendez-vous.
Le livre, cet objet sentimental
Parce qu’on vide une maison, parce qu’on veut faire de la place, ou tout simplement parce qu’on veut en faire profiter les autres : l’activité de Recyclivre est un échange de bons procédés « Je débarrasse les donneurs pour faire le bonheur des futurs propriétaires ». « Les livres sont une partie de nos vies. On s’en sépare pendant un déménagement, quand les enfants quittent la maison, après un décès … Ils ont un caractère sentimental fort. On ne jette pas un livre ! ». Il devient moins difficile de s’en séparer par le biais du don. Avec l’ambition féroce de faire « revivre la littérature » la gérante bordelaise de Recyclivre a elle-même un lien fort avec le livre, qui l’accompagne au quotidien.
Du temps et de l’investissement personnel
En plus de l’activité de collecte itinérante, la revente sur Internet constitue une autre grosse partie du travail de Recyclivre. Sur le site, on peut trouver une e-librairie où les livres sont proposés à prix bas. Les bouquins soigneusement empaquetés n’attendent plus qu’à être livrés à leurs futurs propriétaires. Un exercice chronophage qui demande quand même une « bonne logistique » : « On passe nos journées à trier, scanner et empaqueter les livres. Puis on doit les emballer et les envoyer dans l’entrepôt de Recyclivre, en région parisienne, où travaillent des personnes en insertion pour les réceptionner. Ça demande pas mal de temps et d’investissement personnel».
Clémence et Antoine auscultent chaque bouquin et établissent aussi une liste des « invendables ». « On ne peut pas tout accepter : les encyclopédie et dictionnaires sont trop vites obsolètes, les magazines, les livres de clubs, les livres trop abimés… ».
« Les livres de Clubs ou les magazines sont donnés aux associations locales. Les livres en mauvais état qu’on nous apporte sont réexpédiés vers une filière de recyclage de papier ». C’est Élise, une entreprise spécialisée dans le tri du papier, qui offrira à ces vieux livres la chance d’avoir, eux aussi, une seconde vie.
La littérature solidaire
Pour aller encore plus loin, Recyclivre a fait le choix de reverser 10 % de ses ventes sur Internet à une association de lutte contre l’illettrisme et pour l’accès à la culture : l’association Lire et faire lire.
Mais si un don provient d’une association, le pourcentage des ventes lui sera alors directement reversé. Localement, des associations comme les Apprentis d’Auteuil, AMOS ou le Secours populaire ont déjà tissé un partenariat avec la petite entreprise de Clémence Mathieu.
RecycLivre affiche ainsi fièrement sur son site Internet que plus de 360 000 euros ont été donné à des œuvres caritatives.
Le choix de Clémence
Je n’ai pas pu m’empêcher de demander à Clémence de me conseiller un livre, parmi tous ceux qu’elle a vu passer dans son petit local. Son choix s’est vite porté sur « Jours de marché » de François Garcia, un « roman fort au cœur de l’ambiance survoltée du marché des Capucins ».
» Terre de naissance et terre d’accueil. Une mince frontière sépare les deux, pour ces Espagnols que la misère pousse à l’exil, au début du XXe siècle. La France est le pays du travail, et peut-être de la réussite. Emilio, Adriano, Maria et les autres rejoignent la colonie espagnole de Bordeaux. Leurs vies se mêlent à celles des commerçants, français ou non, pauvres ou prospères, d’un quartier qui gravite autour du marché des Capucins. C’est là, dans la halle et dans les cafés qui l’entourent, que tout se noue : les amours et les bonnes affaires, les bagarres et les combines, les amitiés, les trahisons aussi… au rythme des airs à la mode et des guerres qui balaient l’Europe. »
Ma question Totem : Quelle est la meilleure invention de tous les temps ?
Clémence
L’imprimerie bien sûr, c’est la révolution du langage !
La Question Happe:n : Si je te dis cinéma, tu penses à …
Clémence
Utopia ! C’est magique d’aller voir un bon film dans une bâtisse si exceptionnelle : statues, vitraux, peintures, voûtes, escaliers en pierre… L’autre jour, ma fille m’a demandé où est-ce qu’on pouvait acheter du pop-corn !
Ne jetez pas vos livres, pensez à Recyclivre ! Et faites passer l’info !
Renseignements sur www.recyclivre.com ou au 05 35 54 25 30