A quelques jours de la deuxième édition du Sideral Psych Fest à Bordeaux, Happen a rencontré deux de ses géniteurs, Maxel et Charles, pour en apprendre plus sur ce tout jeune festival.
L’EQUIPE
L’équipe n’est pas au complet lors de l’entretien, mais deux, c’est mieux que rien. Charles, Maxel, Pierre-Alexis et Juan sont à l’origine du Sideral Bordeaux Psych Fest. Charles vient de Biarritz, il est arrivé à Bordeaux il y a deux ans et fait partie de Musique d’Apéritif, un label et collectif de DJ’s. En plus de ça, il est menuisier. Maxel quant à lui est co-président du collectif l’Astrodome. En parallèle de son statut de collectif, c’est aussi un lieu, un peu secret, de répétition, de développement artistique et de production événementielle, voire parfois de concerts.
L’équipe du Sideral Bordeaux Psych Fest, ce n’est pas des « mecs undergrounds fans de psyché ». Charles et Maxel écoutent de tout, même si ce dernier a un penchant certain pour le rock. A leur image, le festival propose une programmation variée. En somme, il y en a pour tous les goûts. Le psychédélique, ligne directrice du festival, se retrouve aussi bien dans les boucles électroniques de Deux Boules Vanilles que dans les guitares de Radio Moscow ou la pop de Temples.
L’HISTOIRE DU FESTIVAL
Le festival a connu sa première édition en avril 2018. Tout est né d’une « histoire de booking » : deux groupes qui allaient de pair, bookés pour une soirée. D’autres demandes de musiciens ont afflué pour des dates similaires, pourquoi alors ne pas les regrouper ? De là est née la première édition du festival, placée sous le signe de la musique psychédélique. Les groupes ont tous en commun une certaine résonance psyché, qu’ils soient tournés vers la pop, le rock ou l’électro. Ce n’est pas un festival d’initié, tout le monde peut s’y retrouver. Si le psyché reste la trame de fond, il ne faut pas s’attendre à un week-end complètement inondé de pédale Fuzz.
Le Sideral a vu juste l’année passée. Le psychédélique, ça parle à nouveau aux gens, et pas seulement aux nostalgiques de Woodstock. Le samedi soir de la première année, le Void a affiché complet! Les organisateurs ont d’ailleurs remarqué une déferlante de festivals de musique psychédélique partout en Europe. Un véritable « écosystème » de festivals. Le fameux festival Levitation d’Austin, QG du rock US depuis des années, s’est même par exemple exporté en France depuis peu.
En un an, le festival a bien grandi, l’équipe est mieux rodée. Le budget cette année est par exemple quatre fois supérieur à celui de l’année dernière. Les têtes d’affiches elles aussi prennent de l’ampleur. On aura l’occasion de voir entre autres Temples, portés disparus depuis au moins deux ans des salles de concert, Radio Moscow ou encore Zombie Zombie. La programmation ne cherche pas à faire découvrir de nouvelles têtes, les groupes ont souvent déjà tourné dans les environs. Ce ne sont pas non plus des entités sacrées de la musique psyché, comme les Brian Jonestown Massacre, ou les tenants du titre, les 13th Floor Elevators, mais plutôt des groupes jeunes. Le Sideral ne s’affiche pas comme un renouveau des années 60 et 70 et porte un regard plus diversifié sur le psychédélisme.
Le festival fonctionne sans subvention. Les fonds proviennent de projets communs aux deux collectifs et permettent de programmer les artistes. Même s’il requiert un certain budget, le Sidéral Bordeaux Psych Fest reste à l’échelle de la ville. Pourtant cette année, il migre de la petite salle du Void à la Salle des fêtes du Grand-Parc, rouverte récemment. Nul besoin de grands espaces ouverts à la mode Garorock. Pour l’Arkéa Arena, on verra plus tard. L’équipe n’exclut pas de demander des subventions pour de prochaines éditions. Le festival se professionnalise et gagne en crédibilité. Sa communauté augmente et rassemble de plus en plus d’adeptes !
D’AILLEURS, QU’EST CE QUE LA MUSIQUE PSYCHÉDÉLIQUE ?
La musique psychédélique a été à ses débuts, dans les années 60, considérée comme un voyage des sens. On soupçonne cette attribution à l’afflux de drogues massif dans les communautés hippies de l’époque. Aujourd’hui en marge des goûts de l’époque, c’est surtout une musique qui sort des sentiers battus. En somme, ce n’est pas du « Rock FM » comme dit Maxel. D’après Charles, on peut toujours l’entendre comme un voyage, comme quelque chose qui « nous prend par la main et nous transporte quelque part ». En ce sens, la musique psychédélique est souvent expérimentale et s’approprie des instruments divers qui donnent lieu à des expériences sonores variées. Si l’on garde en tête l’image du psychédélisme des années 60 à la Jefferson Airplanes et son histoire de lapin blanc et de champignons (White Rabit, ode à l’épopée d’Alice au Pays des merveilles que certains interprètent comme un récit empreint de drogues), on peut de nos jours l’envisager sous un nouveau jour. La musique psychédélique n’est plus seulement rock, elle est aussi pop, électronique, et connait des variantes transe. Zombie Zombie par exemple développe cet imaginaire du voyage, comme dans Rocket 9, qui nous transporte dans l’espace. Pour les organisateurs du festival, le psyché, ce n’est pas quelque chose pour les gens en quête de la cuite ultime ; ceux qui se déplacent à un concert le font pour écouter véritablement la musique. « Il y a une réelle idée de communion, une ambiance bon enfant », à l’image, quelque part, de la bienveillance des hippies à cheveux longs.
Le festival grandit et ne compte pas s’arrêter là. L’équipe a des rêves, un peu fous peut-être, comme celui de programmer un jour King Gizzard and The Lizzard Wizzard. En attendant, rendez-vous du 14 au 16 mars prochain à l’Astrodome, à la bibliothèque du Grand Parc et à la salle des fêtes du Grand Parc !