Avec l’activité physique et sportive comme grande cause nationale pour 2024 et les JO dans le rétroviseur, le sport continue de colorer le paysage français. Jusqu’aux plateaux des théâtres nous ne sommes pas épargné.e.s ! Pour lancer l’édition 2024 du festival, les équipes du FAB ont choisi un spectacle bien dans le thème : Skatepark de Mette Ingvartsen.
Alors que la tendance est plutôt à « investir l’extérieur » et « mettre l’art au grand air » (on le sait, démocratiser la culture c’est notamment l’emmener là où le public est, c’est-à-dire pas vraiment dans les salles de spectacle), voilà que la chorégraphe danoise en prend le contrepied. Face aux sièges rouges du Carré ce jour-là, les modules de skate occupent tous les recoins du plateau. Sous les projecteurs en mode « plein feu », accompagné.e.s par une bande sonore techno / punk bien vénère, les rider.euse.s les éprouvent une heure durant. Il.elle.s vont et viennent dans une « chorégraphie » pleine de fluidité et ce ballet à douze donne le tournis. Où poser ses yeux ? Il y en a dans tous les sens ! Le rythme n’est définitivement pas ce qu’il manque à Skatepark.
Cette première partie du spectacle est un copié-collé de ce à quoi l’on peut assister lorsqu’on s’approche d’un planchodrome (eh oui, on a joliment francisé le mot « skatepark », il faudra d’ailleurs m’expliquer pourquoi parce que j’ai l’intime conviction que ça ne sert pas franchement la langue française) : une joyeuse communauté de jeunes très GenZ glisse en toute liberté. Accompagné.e.s de leurs skates et patins, il.elle.s vivent simplement, joyeusement. Mais il faut le dire, il y a quelque chose de sacrément déconcertant : où sont les cannettes et bouteilles de bières décapsulées à la chaîne ? Où sont les clopes fumées par centaines ? Les mégots et les bédots ? Je serais étonnée de savoir que ces données sont une spécificité française. Mais dites-moi si je me trompe car la réalité danoise est peut-être bien différente.
Après ce premier tableau qui me semblait plutôt attendu, voilà que la poésie arrive. Alors que les lumières baissent, que les veilleuses s’illuminent et que le rythme se calme, on prend de la hauteur. Sur une très belle musique live mêlant chants cristallins et ligne de basse improvisée, les chimères s’invitent à la fête (avec le bruit du roulis d’une planche, c’est véritablement fabuleux). Qu’est-ce qui se joue dans ces espaces lorsque le crépuscule est là, que les skateboards, patins et autres engins roulants ne circulent plus ? La cinématographie de ce second tableau est d’une belle intensité et nous laisse l’opportunité de rêver ride quelques minutes durant…
Oui, quelques minutes seulement parce que voilà que les speakers reprennent pleine balle, techno bien forte pour nous réveiller de cette escapade onirique. La scène est réanimée par la présence généreuse des douze interprètes et nous voilà sur un bouquet final sauce « urban culture ».
Si venir se faire secouer gentiment un dimanche après-midi d’automne était l’objectif de ceux.celles réuni.e.s ce jour-là à Saint-Médard-en-Jalles, c’est réussi. Je vois Skatepark comme un instantané de ce que représente la culture skate aujourd’hui ; une photographie quelque peu photoshopée pour en faire un cliché idéal… à partager !
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Skatepark – Mette Ingvartsen
Spectacle vu le 29 Septembre 2024 au Carré-Colonnes – Saint-Médard-en-Jalles dans le cadre du Festival International des Arts de Bordeaux Métropole
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Le Festival International des Arts de Bordeaux Métropole (FAB)
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Photo de Une © Bea Borgers
Création graphique © Happe:n